Début juillet, un habitant de mon village natal qui s’occupe du jardin d’un voisin, déterre à sa demande une souche de genévrier. Intéressé par ce bois, je le récupère et lui offre une bouteille de cidre en remerciement, puis j’amène la souche chez un ami tourneur sur bois pour la couper. Celui-ci en conserve la majeure partie, en échange de quelques rondins dont j’avais besoin par ailleurs, et nous en mettons également un morceau de côté pour un autre ami avec qui nous échangeons régulièrement des morceaux de bois.
En fin de compte, tout le monde est content ! L’un qu’on ait arraché sa souche ; l’autre qu’on l’ait aidé à s’en débarrasser ; nous d’avoir gagné quelques beaux morceaux de bois rare et qui sentent bon quand on les travaille… et ainsi de suite : les personnes qui achèteront les objets que nous aurons fabriqués ; ceux à qui ils les offriront ou les transmettront, un jour, peut-être. Or tout cela n’aurait jamais pu avoir lieu sans une toute, toute petite graine de genévrier. Je pense à celui qui a planté dans le jardin cette toute, toute petite graine, il y a plusieurs décennies de cela : avait-il conscience, au même moment, qu’elle aurait des conséquences non seulement sur son jardin, mais aussi sur toute une chaîne d’échanges humains à venir? Est-ce finalement l’homme qui a semé le genévrier, ou le genévrier qui a semé en l’homme?