Newsletter n°9 – décembre 2021

En décembre, fais du bois et endors-toi.

Par souci d’efficacité et de « rentabilité », j’ai acquis trois outils électriques en quelques mois : une scie circulaire, une dégauchisseuse-raboteuse, et une ponceuse à bande. La scie me permet de débiter grossièrement du bois massif, pour tirer par exemple d’un gros plateau de cerisier les quelques planches qui me serviront à faire une boîte. La dégauchisseuse ensuite fait en sorte que ces planches soient bien plates et bien droites. Quant à la ponceuse, elle m’épargne quelques heures d’une partie du travail du bois des plus monotones, fastidieuses et pénibles (poussière). Ces trois outils, donc, me sont bien « utiles », et d’une efficacité redoutable. Je peux, à travers eux, admirer la puissance de l’intelligence humaine, capable de créer, à partir de ce que nous avons trouvé comme matériaux sur terre, des agencements de pièces et d’énergies qui nous permettent encore mieux de transformer ces mêmes matériaux : bois, métal, pierre… 

     D’un côté, ces outils ont quelque chose de magique : par exemple, vous faites passer une planche dans la raboteuse, et elle ressort bien plane, à l’épaisseur désirée, ses deux faces parfaitement parallèles. On peut obtenir le même résultat à l’aide d’outils à main, mais c’est plus difficile, et cela demande plus de temps. D’un autre côté, une machine comme la raboteuse demande de l’entretien, des réglages, et tombe en panne de temps en temps : je passe alors un certain temps à rechercher le problème, analyser, comprendre, réparer. Par ailleurs, personne n’aime le ponçage, et ma ponceuse me permet d’aller plus vite : mais c’est un outil lourd, bruyant, désagréable, et pour tout dire, je ne l’aime pas malgré les services qu’elle me rend. Je la vois comme une grosse bête que je suis obligé de faire intervenir à une certaine étape du travail, mais dont je me passerais bien. Là aussi, il existe des solutions alternatives, à la main : un bon rabot, un grattoir… et puis, pourquoi cette obsession du ponçage ? Les goûts actuels aiment ce qui est lisse, et qui brille, c’est une espèce de norme esthétique. Quant à la scie circulaire, enfin, elle me fait économiser bien de la sueur et des efforts : essayez par exemple de scier à la main du chêne dans le sens de la longueur (ce qu’on appelle déligner), et vous comprendrez ! Mais cette scie ne résout pas tout : parfois elle brûle le bois, il faut faire affûter régulièrement ses lames… bref, il n’y a pas de solution miracle. 

     Par contre,  dès que  je retrouve mes outils à main, une certaine joie revient. Quelle est la différence?… la fin d’un rapport magique aux choses. Non pas que la magie soit à rejeter, ou qu’il faille forcément se compliquer la vie quand on dispose d’outils très performants pour nous la simplifier. Mais la part d’activité, et l’activité elle-même, est différente : dans un cas, nous agissons sur la machine, parfois d’une simple pression sur un bouton, qui va à son tour agir sur la matière à travers tout un processus technique complexe qui démultiplie notre force et notre degré de précision. Dans l’autre, nous sommes aux prises avec la matière de manière plus directe : il n’y a rien de magique, et c’est à nous de mettre intégralement en œuvre le processus de transformation de la matière. Ce qui change, c’est la posture : le travail aux outils à main est plus actif, tout simplement. Mais à quel point voulons-nous vraiment être actifs dans nos vies?…

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