Newsletter n°7 – octobre 2021

Vent d’octobre lisse les pelisses

     Avez-vous déjà vu ces images de menuisiers, qui, après avoir raboté une planche, passent leur main sur le bois et caressent le bois?… Un vrai cliché. Et pourtant : c’est un geste irrésistible. Caresser le bois, pour quoi faire? D’abord, pour l’épousseter. Et comme les poils d’un chat, il y a un sens qui glisse, et un autre qui accroche. On appelle cela le « fil » du bois – caresser dans le sens du poil se disant « coucher le fil » en langage de boiseux. Alors, on caresse son chat, on caresse sa planche… La comparaison fait sourire : caresser une planche, vraiment? Que fait celui qui caresse du bois? Il évalue la qualité de son travail ; le résultat de son action sur le bois, de l’action de ses outils, en comparant ce résultat avec la qualité qu’il souhaite atteindre. Les mains sont un bon indicateur, et peut-être même le meilleur, de cette qualité recherchée : si ça pique ou si l’on sent des échardes, pas bon. On n’a pas encore inventé de machine à caresser le bois ! Évaluant la qualité de son travail, il s’y reconnaît, et en tire, si le résultat le satisfait, une certaine fierté. Caresser le bois, c’est alors prendre plaisir à lire, dans un matériau naturel, les traces qu’on y laisse en tant qu’humain. D’accord. Mais pas seulement. Caresser du bois, c’est avant tout un plaisir. Le plaisir pris au simple contact avec cette matière, matière vivante, matière chaude, à la fois dense et accueillante. Qui caresserait du fer? Alors que le bois… Plaisir d’éprouver la surface de contact entre nous et ce qui fut l’arbre, plaisir de glisser sur cette interface. Plaisir d’être au contact de.