Newsletter n°6 – septembre 2021

Septembre est arrivé, le soir on bat le blé.

      J’ai toujours connu cet arbre, un pommier. Il a dû pousser là il y a plus de cent ans, facilement. Qui l’a planté? Quelqu’un l’a-t-il planté ?… C’est un arbre pas très haut, mais avec de magnifiques branches, épaisses et tortueuses. Ses pommes sont petites, ce ne sont peut-être pas les plus belles, mais elles font une excellente compote. J’ai toujours connu cet arbre avec un grand trou dans le milieu de son tronc, une véritable petite grotte. Parfois, même, un oiseau venait y faire son nid. Cette année, ce pommier a fait pousser ses dernières feuilles. Elles sont apparues, minuscules, au printemps, sur une seule branche ; mais à l’été, elles étaient déjà tombées. J’ai regardé l’arbre et j’ai vu que sur nombre de ses branches, l’écorce aussi était déjà tombée, laissant apparaître tous les plis et nodosités du bois. Puis j’ai levé la tête et j’ai vu, tout en haut de la branche maîtresse, ces nouvelles cavités qui avaient été creusées, j’imagine, par un pic noir. Et j’ai pensé : le mort abrite le vivant. Dans les bois les gardes forestiers tracent parfois des triangles oranges sur certains arbres ou même sur des troncs au sol : des arbres morts, mais infiniment précieux. Le bois en décomposition nourrit des larves d’insectes, qui régalent elles-mêmes les pics ; les pics creusent des loges, qui seront ensuite habitées par des chauves-souris ; les chauves-souris mangent des parasites du bois, et protègent ainsi les jeunes arbres qui poussent. Il est mort avant l’automne, ce vieux pommier, mais la vie, elle, ne l’a pas quitté.