Quand on y pense, l’espèce humaine semble bien avoir la bougeotte. Dès le matin, tout le monde s’agite pour aller à l’école ou au travail, c’est un ballet bien réglé. Le soir, rebelote. Et le week-end, si possible, on part en week-end : on va voir des amis, la famille… en vacances, si possible, on part plus loin, plus vite. Et à quoi occupons-nous nos journées, après nous être déplacés ? A déplacer des objets, des dossiers, ou de l’information – travailler se résumant généralement à déplacer quelque chose. Ranger, nettoyer, parler, couper, tailler, envoyer.
A côté de ça, au bord de la route, dans les allées, dans les parcs, vous avez des arbres. On passe sans les regarder, ils font partie du décor. Ça fait joli. Mais un arbre, ça ne se déplace pas. Du jour de sa naissance à celui de sa mort, il n’aura pas bougé. Il se sera déployé, enraciné, déplié certes, mais jamais il ne sera parti en vacances – encore moins au bureau. Est-ce que cela lui manque, à l’arbre? Et nous, est-ce que cela nous manque, de ne pas être enraciné comme lui ? Je me dis parfois qu’entre deux déplacements, entre deux passes de rabot, je pourrais peut-être prendre le temps de développer encore mon devenir-arbre…