Comment, parfois, ne pas crouler sous la beauté du monde? Je me posais cette question alors que les motifs ne manquent pas, à l’inverse, de ressentir la cruauté et la difficulté du monde qui est le nôtre. De notre époque, de l’idée de fin du monde qu’elle s’auto-pronostique, s’auto-administre constamment. Je repensais alors à ce film de Lars von Trier, Melancholia. Il y est question d’une planète qui s’apprête à frapper et à détruire immanquablement la terre. A travers les différents personnages, on explore les différentes réponses existentielles à cette menace : le déni, la panique, la résignation… notamment, le personnage incarné par l’actrice Kirsten Dunst, un peu à part, nous montre des possibilités étonnantes face à l’imminence d’un tel danger : s’allonger nu sous la lune, construire une cabane avec de simples branchages… Possibilités dérisoires, mais qui n’en sont pas moins des réponses. Réponses de poètes et de bouts de ficelles, certes, mais qui disent quelque chose : le monde a beau être condamné à disparaître, et nous avec, nous ne sommes pas forcément en reste.
Peut-être ne construirons-nous que des cabanes de fortune, des refuges symboliques. Peut-être prendrons-nous des bains de lune. Mais qui sait si nous ne serons pas traversés par la beauté du monde? C’est un risque à prendre. Personnellement, quand je travaille le bois, je ne peux échapper à la sensation du dérisoire : ce n’est qu’un petit banc de plus, un bout de bois. Et pourtant, devant l’objet qui prend forme, l’émotion me saisit : le veinage du bois, son grain, sa beauté. C’est un rayon de lune à travers les branchages.