Depuis quelques mois, je me suis pris de passion pour la fabrication de bancs. Toujours en bois brut, aux outils à main, et avec des assemblages japonais. Le banc lui-même n’est pas en soi un objet raffiné, il offre une assise brute, terrienne, sans dossier pour atténuer l’effet de la gravité. Il donne « la sensation de la terre et du solide », comme le dit Chögyam Trungpa à propos de la méditation (Pratique de la voie tibétaine). Un banc permet en effet la méditation, le repos, sans être pour autant fait pour le confort. On peut s’y asseoir seul, mais il est prêt à accueillir d’autres personnes. Assis sur un banc, nous sommes proches de notre voisin, plus proches que si nous étions l’un en face de l’autre, chacun sur sa chaise, de part et d’autre de la table. Il y a une proximité latérale du banc, une manière d’être « à côté » qui permet d’être « aux côtés ». A table, le banc évoque la convivialité du banquet (le mot « banquet » vient d’ailleurs de « banc », objet associé aux festins). Il faut l’enjamber pour s’asseoir, certes, mais une fois la ligne franchie, nous voici réunis tous ensemble. On s’en lève moins facilement que d’une chaise – car on ne quitte pas la communauté des esprits qu’est un repas à moindre frais ! J’ai cherché l’origine historique du banc, mais elle se perd dans notre histoire… c’est un tronc d’arbre couché. Une pierre. La berge d’un ruisseau.
Newsletter n°16 – juillet 2022
Le riz est savoureux
Le ciel bleu
Bleu.
Taneda Santoka