Quand j’étais étudiant, il m’est arrivé d’avoir mal au dos. C’est ainsi que je me suis retrouvé chez un ostéopathe, dans le XV° arrondissement de Paris, dont j’avais trouvé le nom dans les Pages Jaunes. Une fois la séance terminée, tandis qu’il me prodiguait les derniers conseils, j’abordai la question du règlement de la séance… est-ce que, à tout hasard, il ne lui arrivait pas de pratiquer un « tarif étudiant »? mes ressources, en effet, ne se trouvaient pas au plus haut. Le voilà qui lève la tête, réfléchit, puis me dit : « Attendez, j’ai une idée… vous savez bricoler? ». Moi : « – euh… oui, un peu ». Je ne savais pas exactement ce qu’il entendait par « savoir bricoler », mais j’avais bien, enfant, passé un peu de temps avec mes copains à construire des cabanes, une luge (qui ne glissait pas), une table (bancale), et quelques objets dont le principal mérite était de nous occuper quelques heures, ou quelques jours, quand on ne savait plus quoi faire.
Il décroche son téléphone : « je pourrai pas venir samedi, mais j’ai trouvé quelqu’un pour t’aider, un étudiant ». Il se tourne vers moi : « voilà, donc, je vous explique : j’ai une amie qui s’installe dans son salon de coiffure ce week-end, et malheureusement, je ne peux pas aller l’aider. Alors… vous ne me devez rien, mais allez lui monter son étagère ! ».
C’est ainsi que, le samedi d’après, je frappe à la porte d’un salon de coiffure, où plusieurs personnes s’affairaient déjà à ranger, peindre… Très vite, la fameuse coiffeuse m’indique l’arrière-boutique, où je découvre mon travail : assembler entièrement un ensemble étagères / tiroirs qui faisait quasiment toute la largeur du mur… « Assembler », enfin plutôt « construire » : aucune notice, et des plaques de bois dont certaines n’étaient pas percées, ou pas au bon endroit (en tout cas d’après moi!)… bref, pas du IKEA. J’y passe tout mon samedi, et reviens le dimanche. Je perce, reperce, ça ne va pas, ce n’est pas droit… vais-je y arriver? Finalement, je fabrique quelque chose qui tient, et lui annonce, un peu hésitant, que j’ai terminé. Ravie, elle me dit : « super ! assieds-toi, je vais te couper les cheveux !… ». Et voilà comment, en ayant mal au dos, je me suis retrouvé avec les cheveux courts.
Depuis que je travaille le bois, je passe l’essentiel de mon temps dans mon petit atelier, avec juste avec mes outils, ma radio, et le bois. C’est un peu mon arrière-boutique. Mais, régulièrement je sors, et me voilà par exemple dans un chantier à Paris, à faire connaissance avec des maçons polonais. Comme quoi, le voyage est à portée d’étagères.
A propos de voyage, je serai le vendredi 14 mai au marché de Senlis, pour mon premier marché, sur le stand de l’épicerie fine Aux Antipodes !…